Boiterie : la prise en charge n’attend pas « Je pare quatre ou cinq vaches par semaine »
Pour corriger une situation dégradée, les associés ont d’abord maîtrisé la flambée de dermatite digitée avec leur vétérinaire, avant d’intégrer au quotidien les soins apportés aux pieds.
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«Chaque semaine, je pare quatre ou cinq vaches. C’est un travail physique auquel je consacre du temps, mais la situation vis-à-vis des boiteries s’améliore, il ne faut donc pas relâcher les soins », explique Florian Ernault. Ici, les 83 vaches disposent chacune d’une logette et d’une place à l’auge. Malgré l’accès à 18 ha d’herbe en saison de pâturage, la santé des pieds est devenue un problème majeur, que le passage annuel du pareur ne suffisait pas à contenir. « Nous avons alors fractionné les interventions du pédicure sans plus de résultats. Ce travail a permis néanmoins de diagnostiquer une forte présence de dermatites digitées au sein du troupeau. »
« La cage de parage est un investissement vite rentabilisé »
Dans un premier temps, au cours de l’hiver 2016, les associés ont mis en place un protocole « d’assainissement » avec leur vétérinaire, Nicolas Gaudout : il consiste, après un parage fonctionnel, à poser jusqu’à trois pansements, renouvelés tous les dix jours, sur toutes les lésions de dermatite digitée identifiées. Cette intervention lourde a permis de contenir la flambée de boiteries et de retrouver un « capital pieds » plus sain, plus facilement maîtrisable au quotidien.
Dans un second temps, il s’agit de préserver ce capital à travers un protocole global intégrant, d’une part, la réduction des facteurs de risques favorables aux nouvelles contaminations dans les bâtiments et, d’autre part, des soins individuels renforcés dans une cage de parage achetée 4 500 €. « C’est un investissement vite rentabilisé, souligne Florian. Je me suis formé avec mon vétérinaire et je fais en sorte de réaliser un parage fonctionnel sur toutes les vaches entre 60 et 90 jours de lactation, mais aussi au moment du tarissement sur celles ayant eu un problème au cours de leur lactation. » La cage est accessible grâce à une porte de tri en sortie du roto de traite. Sur les lésions de dermatite, après un lavage des pieds, l’éleveur pulvérise de l’oxytétracycline, badigeonne ensuite un gel à l’aloe vera (hoof-gel) et réalise systématiquement un pansement laissé en place quatre jours, avant d’être retiré en salle de traite (les recommandations portent sur trois jours).
« L’érosion du talon est un signe d’intervention »
La station mousse destinée au traitement collectif a été arrêtée. Sur le même principe qu’un pédiluve, cet équipement, mis en service une semaine sur deux pendant quatre traites, diffusait une mousse biocide sur 20 cm d’épaisseur en sortie du roto et dans l’aire d’attente. « C’est un système qui fonctionne bien au pâturage sur des pieds propres, mais qui n’est pas adapté à des pieds sales. Mais surtout, les vaches hésitaient à venir à la traite devant cette couche de mousse. »
Aujourd’hui, la meilleure maîtrise de la dermatite révèle un autre problème : l’ulcère de la sole, en lien avec l’érosion de la corne du talon, aussi appelée fourchet. En réduisant la surface portante, ce phénomène accentue la pression sur le pododerme. L’apparition de la boiterie est progressive, d’où l’enjeu d’une détection précoce. « Le manque d’épaisseur du talon est un signal. Je fais alors un parage fonctionnel en prenant soin de dégager le creux axial, puis je désobstrue la plaie, là où se développe l’ulcère, et pose une talonnette sur l’onglon sain. Trois semaines après, je relève le pied et s’il n’y a pas d’amélioration, je recommence. Cela touche souvent l’onglon externe des pattes arrière. Encore une fois, c’est du temps à passer, mais il ne faut pas reporter le soin, sinon c’est trop tard. »
Sur le volet prévention dans la stabulation, les associés ont supprimé une planche sur deux du bardage afin d’améliorer la ventilation, qui était favorable aux maladies infectieuses (dermatite et fourchet). Un autre moyen de maintenir des pieds secs est de limiter les stations debout en améliorant le confort de couchage. La présence d’ulcères et de tarcites (lésions du jarret) oriente aussi vers ce défaut de conception. Le sol des aires d’alimentation a ainsi été surélevé pour réduire la hauteur des logettes. Reste le problème de leur longueur, difficile à régler puisqu’elles sont positionnées face au mur : d’un bord à l’autre, elles font seulement 2,30 m, là où 2,95 sont souvent recommandés. « La réduction de la hauteur a déjà considérablement amélioré le lever et le coucher des vaches. La longueur est plus difficile à corriger, nous paillons abondamment (4 kg/jour) pour compenser ce défaut et essayons de limiter les gabarits à travers le choix de nos reproducteurs. »
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